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D'un violent coup de poing, Luc fit voler la porte sur ses gonds. Elle claqua violemment contre le mur et tandis que, surpris, les gangsters se retournèrent comme un seul homme, il avança d'un pas qu'il voulait décidé dans une pièce chichement éclairée par une minable ampoule pendouillant au bout de longs fils électriques. 

Le sifflet coupé net, l'orateur resta bouche bée, stupide, comme si le messie venait de lui apparaître sous les yeux. Les autres eux-mêmes restèrent interdits, mais ils se ressaisirent bien vite et organisèrent leur défense. Ils avaient reconnu l'invité surprise et une voix s'exclama:

- Mais c'est le débile luminescent qui nous poursuivait tout à l'heure !

Le Rapace hurla: 

- Allez les gars, tous sur lui ! Il commence à devenir gênant ! Faut lui régler son compte une bonne fois pour toute !  

Et sur les exhortations de leur chef, tous se ruèrent sur lui, sauf..., le chef et le "big boss", naturellement.

" Ouuuuh, ça va être chaud", pensa Luc. 

Et effectivement, cela s'annonçait assez mal. Les hommes étaient des combattants aguerris et lui complètement novice. 

Les coups pleuvent. Il ne parvient pas à les esquiver et plus embêtant: ne parvient pas lui-même à faire mouche. Ils sont tous autour de lui comme une nuée de moustiques. Le Rapace, son 357 magnum à la main, pourrait tirer, mais c'est une telle foire d'empoigne qu'il a tous les risques de toucher l'un de ses propres hommes plutôt que l'empêcheur de tourner en rond. Et après tout, ils se débrouillent plutôt bien.

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Totalement dépassé, malmené, Luc se dit que si le Pouvoir ne créait pas autour de lui une sorte de champ de force il y a longtemps qu'il serait hors de combat. Néanmoins, pour tout amortis qu'ils sont, à force de répétitions, les coups qui s'accumulent ne tardent pas à être douloureux et toute cette énergie déployée en vain commencent à saper ses forces et son moral, surtout. Il se trouve nul et en danger. Oui, il a peur. Il regrette sa décision. Il aurait dû partir et les dénoncer à la police, point barre. Maintenant, il est emberlificoté dans de sales draps aux prises avec de solides gaillards et il est trop tard pour reculer. Trop tard ? Non, il n'est pas trop tard ! Il dispose à présent d'une bonne pointe de vitesse. S'il peut se dégager de leur étreinte, il n'éprouvera aucune difficulté pour leur fausser compagnie. Non, décidément, il n'a pas l'étoffe d'un héros. Rentrer à la maison, chez les parents. Les rassurer, leur expliquer et tout faire pour se débarrasser de ce Pouvoir. Ce n'est pas un cadeau, mais un fardeau. Trop de responsabilités, trop de risques. À jamais, il ne sera que Luc: le lâche, le poltron. Il en chialerait presque. Ah ! Si c'était son pote "Fredo" qui était à sa place... Il n'est pas méchant, mais quand il le faut, la baston ça lui fait pas peur.

Cependant, ce ventre, là, à portée de poing, comme une offrande. Trop sûrs de leur fait, les hommes se découvrent imprudemment. Le poing se détend et s'enfonce dans le plexus solaire de l'adversaire. Une expression de stupeur se fige sur son visage avant que, le souffle coupé, il ne s'écroule aux côtés de Luc. Le jeune homme se redresse et a juste le temps de cueillir d'un uppercut la pointe d'un menton qui se présente. Sa puissance est telle, que l'homme est soulevé de terre et retombe au sol sans connaissance la mâchoire fracassée.

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Que faire, s'enfuir ? Ce serait si simple à présent. D'autant que les autres ne sont plus aussi téméraires; ils ont perdu de leur superbe, de leur belle assurance. Ils restent à distance, semblant jauger l'ennemi. Il n'a qu'à se retourner, traverser le boyau au pas de course, sauter à travers la trappe et..., bye bye ! Et pourtant, deux coups, il n'avait pu rendre que deux coups... Deux coups, oui... mais deux K. O. ! Et puis au milieu de cette pièce sordide, il y a cette lourde table où s'étalent d'une façon indécente des liasses de billets, une lourde table qui le sépare de ses adversaires. Une lourde table que eux ne peuvent sûrement pas soulever, et qu'ils pensent que lui-même ne pourrait pas soulever. Voilà la faille. Luc se rue dessus, l'empoigne et à bout de bras la lève au dessus de sa tête sous le regard sidéré des quatre hommes de l'autre côté qui comprennent avec horreur que l'impossible va se produire. La table vole et les fauchent avec fracas sous une pluie de billets. Un des quatre hommes a pu se mettre à l'abri in-extrémis, mais les trois autres ont leur compte. Le rescapé est furieux: à cause de leur mouvement d'humeur de début de soirée, le Rapace les a désarmés.  

L'homme qui s'est pris un solide coup de poing dans l'estomac a repris son souffle et tente d'étrangler Luc. Le "Big Boss" en profite pour s'enfuir, tandis que le Rapace se précipite vers un petit local attenant où, fébrilement, il revêt son exosquelette. 

De son côté, le "Big Boss" s'engouffre dans sa rutilante BMW et démarre en trombe, manquant d'écraser un des chiens. Il s'arrête au portail, peste contre lui parce que fébrile, il éprouve des difficultés pour l'ouvrir. Puis il remonte dans sa voiture, fait crisser les pneus et pousse un juron quand il constate que le voyant de réserve de sa jauge à essence clignote.

Dans les caves, Luc a réussi à repousser l'homme qui tentait de l'étrangler. Les deux bandits encore valides se concertent alors du regard et d'un commun accord, malgré les menaces virulentes de leur chef qui vient de faire irruption équipé de son exosquelette, ne demandent pas leur reste et s'enfuient.

- Lâches ! Poltrons ! Revenez ! hurle t-il, mais ils sont déjà loin.

Se tournant vers Luc, avec une assurance et une détermination dans le regard qui le font frémir:

- Puisque ces mauviettes sont partis, je me chargerai de toi tout seul, débile lumineux !

Ses doutes le reprennent. Pourquoi ne s'est-il pas esquivé tant qu'il en était encore temps ? Tout à l'heure, il avait pu apprécier la redoutable efficacité de son harnachement. Avec, il leur avait flanqué une sacrée correction, à ses complices mutins. Le Rapace a tourné autour de lui. Il a suivi le mouvement pour toujours lui faire face et à présent, son inquiétant adversaire lui bloque la seule issue possible. Il n'a plus d'autre choix que la confrontation.

Luc voudrait répliquer à sa provocation, mais il est si contracté qu'il ne peut articuler le moindre mot; il ne peut même pas jouer les bravaches.

Le Rapace se pose aussi des questions. D'accord, ce type étrange qui les persécute depuis qu'ils se sont échappés de la banque semble avoir quelques capacités plutôt dissuasives, mais lui, n'est pas en reste non plus avec son exosquelette. Extraterrestre ou humain, cet être n'est peut-être pas aussi irrésistible qu'il le paraît. 

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Après avoir longuement défié Luc du regard, le Rapace se jette sur lui et engage les hostilités. Surpris par sa vivacité, Luc ne peut parer l'attaque du Rapace qui lui décoche un terrible coup de poing qui le cueille sous le menton et l'expédie au milieu des hommes qu'il a lui-même mis hors de combat peu avant, complètement groggy. Déjà, le Rapace se rue sur lui. Malgré les papillons noirs qui volent devant ses yeux, il doit se relever, faire face, sinon il va mourir. Le Rapace lui porte un violent coup de pied à la face, mais comme il a perdu son équilibre en voulant se redresser précipitamment, par chance il part en arrière, ce qui a pour effet d'amortir considérablement le choc. 

Il a repris ses esprits et se relève plus vite que ne l'escomptait le Rapace qui pensait bien pouvoir lui donner le coup de grâce. Suit un échange de coups de poings où Luc est de nouveau malmené. Le Rapace veut absolument en finir au plus vite et décide d'employer les grands moyens. Il saisit luc par le bras et amorce un mouvement circulaire de plus en plus rapide pour l'envoyer valdinguer avec force contre le mur de briques. Mais à ce moment là, Luc sent un afflux brutal d'énergie l'envahir et c'est lui qui profite de l'impulsion initié par le Rapace qui se mange bientôt le mur qu'il  avait promis à son jeune adversaire.

Le Rapace est un peu sonné, mais parvient tout de même à se relever. Surtout, ne pas lui laisser le temps de se reprendre. Luc lui saute sur le paletot, l'empoigne fermement sous le menton, le seul endroit où l'exosquelette permet une prise, et lui décoche un terrible direct dans la face, devançant de peu le Rapace qui avait déjà armé une attaque. Sous la violence du coup, la canaille traverse la salle sans toucher le sol et s'écrase contre le mur du fond. Il a mal encaissé le choc et si il se relève, c'est en titubant qu'il fait face à Luc. Il a perdu de sa lucidité et Luc s'en rend compte et si sur le premier direct, il n'avait pas ménagé ses forces, pour le second, il se fait plus câlin. Il se révéle suffisant pour terrasser le chef du commando des Aigles. 

Luc reste devant le corps inerte de son ennemi, pantelant, les membres agités de tremblements. Nerveusement très atteint, il ne se sent pas encore tiré d'affaire. Comme dans tout bon film d'horreur, il s'attend à un rebondissement de dernière minute. 

Vite, il le déleste sans ménagement de son exosquelette de malheur qu'il désintègre, pulvérise, atomise, en le projetant et le cognant à grands coups contre le mur de briques et le pavage.

Il n'a aucun mal à trouver de la cordelette qu'il utilise pour ligoter solidement le Rapace et ses quatre complices qui n'ont pas pu prendre la fuite. Puis il les traîne dans les geôles qu'il a repérées en arrivant et y enferme soigneusement tout ce petit monde en prenant bien soin d'isoler le Rapace dans l'une d'elles.

Alors seulement, Luc s'autorisa un "ouf" de soulagement.

Au point où il en était, pourquoi ne pas tenter de coincer celui qu'ils appelaient le "Big Boss" ? Il serait certainement moins coriace lui.

Dans la cellule du quatuor, Luc entendait des râles. Il y entra et empoigna par le col le triste sire qui avait repris connaissance:

- Celui que vous appelez le "Big Boss", où est-ce que je peux le trouver ? Une direction, vite ! 

L'homme bégaya:

- Je... Je ne sais pas... Il n'y a que le Rapace qui a des contacts avec lui...

Déçu, Luc relâcha l'homme qui s'affaissa comme une loque. Il claqua la porte de la cellule avec humeur et la reverrouilla sèchement. Il savait que même si le Rapace avait repris ses esprits et malgré que celui-ci était réduit à l'impuissance, il n'oserait plus entrer dans sa cellule: le bonhomme l'impressionnait.

Tant pis, il devait se résoudre à laisser courir leur grand chef. Sans information, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. La police arriverait bien à tirer les vers du nez du Rapace et à mettre la main dessus.

Il ne lui restait plus qu'à cavaler jusqu'à chez lui et à espérer que les informations recueillies dans son rêve s'avèreraient exact et que sur une simple injonction mentale son corps perdrait toutes ces teintes lumineuses.

Luc avait retraversé la Somme et alors qu'il débouchait sur la rue d'Abbeville au niveau d'une entreprise de camping-cars et de caravaning, un groupe de jeunes approchait. Luc se dissimula dans un buisson. Inutile de se faire remarquer d'avantage. 

Ils paraissaient en colère. L'un d'eux téléphonait sur son portable et la conversation qu'il surprit l'intéressa au plus haut point:

-... Nan mais si t'avais vu cet abruti avec sa BMW à la con... Parce que ça a une grosse bagnole ça se croit tout permis ! 

Luc perçut l'infime mangouillement de son interlocuteur qui lui répondait avant que le jeune homme reprenne:

- N'importe quoi ! Non, on traversait tranquillement pour aller à l'Éclipse quoi... On était au milieu du passage piéton quand le gars il a déboulé... Pour nous éviter il a fait un écart de malade ! Il a même roulé sur l'accôtement. J'ai même cru qu'il allait se taper un réverbère ou une voiture en stationnement. Tu es sur la route là ?

Après la réponse, il conseilla à son interlocuteur:

- Ouais, ben fait gaffe à toi, parce que justement il carburait en direction du Faubourg de Hem !

Les affaires reprenaient, Luc savait de quel côté aller à présent.

Le bruit d'une micheline se fit entendre au loin. Prestement, Luc traversa la rue d'Abbeville, sauta par dessus le grillage pour atterrir à côté de la voie ferrée et guetta son passage. Par chance, l'autorail filait en direction d'Amiens. Il l'attrappa au vol et la quitta au niveau de la rue de Saveuse.

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Le "Big Boss" était nerveux. Il jetait fréquemment des coups d'oeil inquiets sur ses rétroviseurs et sa jauge d'essence. Il ne décolérait pas non plus après ces petits cons qui se s'étaient mis en travers de son chemin. Il n'avait vraiment pas besoin de se faire remarquer comme cela et en roulant sur l'accôtement il avait choppé un carton qui s'était coincé sous sa voiture. Il avait dû s'arrêter pour s'en débarrasser. Que de temps perdu. Il roulait moins vite qu'il l'aurait souhaité, pour économiser son essence et éviter la panne sèche. Bah ! Après tout c'était mieux ainsi. L'étonnant individu qui avait fait irruption dans la cave de la propriété ne risquait plus de le rattraper et sûrement que le Rapace lui avait fait un sort d'ailleurs. Il valait mieux qu'il ne se fasse pas arrêter par la police, à présent.

Le "Big Boss" s'arrêta à une station service automatique de la rue Saint-Roch et maudit tous ces automobilistes qui avaient choisi la même heure que lui pour faire le plein. Enfin, il inséra une carte bancaire falsifiée dans l'automate, une fois toutes les formalités remplies, décrocha le pistolet et commença à remplir son réservoir, toujours sur le qui-vive. Maintenant, il était seul à la station service et pour le coup, il aurait aimé qu'il y ait d'autres voitures pour ne pas être aussi repérable 

Soudain, son coeur saute une pulsation et il sent ses jambes se transformer en coton. Les yeux agrandis par le désapointement et l'effroi, il distingue une silhouette luisante qui se précipite vers lui. Trop tard pour fuir, alors il doit improviser. Il extirpe de sa poche une petite boîte d'allumettes qu'il pose sur le toit de sa voiture, dégage le pistolet de son réservoir et dès que Luc est à sa portée, il l'asperge d'essence, craque une allumette et la jette sur lui. Aussitôt, il se transforme en torche humaine.

Le "Big Boss" abandonne le pistolet de la pompe par terre, s'engouffre dans sa voiture et démarre en trombe en direction du centre villle.

Dans une voiture qui approche de la station service, un couple d'amoureux discute:

- Alors ma chérie, c'est sûr que tu es prêtes aujourd'hui ?

- Oui mon "Cri-Cri" adoré, s'il ne se produit rien d'extraordinaire aujourd'hui...

- Alors là, tu n'as rien à craindre. Où je te conduis, c'est pas le Camp César. Tu peux me croire sur paroles, c'est un petit coin tranquille, on sera peinards. Mais il faut que je m'arrête pour prendre de l'essence.

La Golf GTI noire clignote pour indiquer qu'elle va s'engager sur l'aire des pompes à essence.

- Oui, et avec tout ce qui s'est encore passé aujourd'hui, je crois vraiment que même ce vent de folie a besoin de reprendre son souffle... Je sens que la nuit va être paisible, renchérit la jeune fille juste avant de pousser un cri d'épouvante lorsqu'une forme humaine enflammée se jette contre sa portière dont les mains en griffent désespérément la vitre fermée et le métal  avant de s'écrouler au sol.

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- Cynthia que..., commmence Christopher Wilmot en pilant.

- Il y a quelqu'un ou quelque chose qui brûle, là... C'est horrible ! sanglote t-elle avant de s'effondrer totalement.

- Un homme en feu ? s'écrie Christopher en jaillissant de sa voiture comme un beau diable. 

Le "Big Boss" jette un coup d'oeil dans son "rétro" et voit la créature qui se tort de douleur, allongée sur le sol, au milieu des flammes, un gugusse impuissant tournant autour de lui. Voilà, une affaire réglée. En effet, qui pourrait survivre à un tel brasier ? 

Luc se roule par terre. Il pousse des hurlements de terreur, croit sa dernière heure venue et pourtant, il ne ressent pas la morsure des flammes, juste une vague sensation de chaleur. Mais le brasier qui se consume autour de lui l'aveugle, lui faisant perdre tous ses repères: il se sent perdu et vulnérable. Il ne voit même pas l'automobiliste qui tourne autour de lui ne sachant que faire. Puis, le jeune homme, soudain, se rappelle du plaid qui recouvre sa banquette arrière. Il se rue à la voiture en criant:

- Cynthia ! Le plaid à l'arrière ! Vite, donne-moi le plaid ! 

Mais la jeune fille en proie à une crise d'angoisse est incapable de l'aider en quelque façon que ce soit. Christopher s'inquiète pour son amie qu'il sent au bord du clash; c'est vrai que ces derniers temps ses nerfs ont été mis à rude épreuve.

- Merde ! s'écrie Christopher dépité. Ce devait être pour ce soir ! J'ai l'impression que c'est encore râpé...

Stupéfait de le retrouver encore en vie, Il enroule le corps de Luc dans la couverture à carreaux rouges et verts barrée de traits dorés. Son acharnement est payant et bientôt, les flammes sont étouffées.

Luc se redresse encore fumant et bégaye: 

- Je... Je... Je suis brûlé ? Beaucoup...? Je... Je ne sens rien ! RIEN DU TOUT !

Christopher bredouille:

- Je... Je ne sais pas. Vous... Vous êtes quoi ? Vous venez d'où ? Vous êtes pas normal vous ! Je suis sûr que vous venez d'une autre planète ou que vous êtes scientifique... Une de vos expériences a loupé, comme dans les BD de Stan Lee ! C'est ça ?

Pour toute réponse, Luc dit:

- Faut que j'y aille !

Il ne comprend pas pourquoi il n'est pas mort, mais il est furieux. Le "Big Boss" a voulu le tuer, il est persuadé qu'il s'en était fallu d'un cheveu qu'il y parvienne... Il le paierait. Luc est déterminé à le poursuivre jusqu'au bout du monde, jusqu'en enfer, s'il le faut.

Et il prend congé sans plus de manière de Christopher, le laissant pantois, médusé. Et lorsque le garçon retourne à sa voiture, il est encore dans un grand état d'hébétude que les cris et les pleurs de Cynthia ne tardent pas à rompre. Il se ressaisit et d'une bonne paire de claques (deuxième service...sic), lui fait recouvrer en partie ses esprits 

Alors, elle reniffle:

- Christopher... Je veux rentrer. Je suis désolée... Je ne pourrai pas... ce soir...

Le garçon répondit dans un souffle, encore tout retourné:

- Moi non plus... Pas ce soir. Un autre jour... Pas dehors. Dans une maison, bien solide, avec un vrai lit. Là où il n'y a pas d'ovni, d'extraterrestre qui brûle sans brûler, ou de monstres...

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Et Christopher, dans un état second, pour terminer la soirée en beauté, remplit son réservoir de gazole. Son moteur essence apprécierait l'étourderie...

Maintenant, le "Big Boss" ne se pressait plus. Il descendait tranquillement la chaussée Jules Barni en ricanant:

- Ah ! Ah ! Ah! Quelle bande d'incapables ! Ils n'ont même pas été fichu de lui régler son compte ! Je suis vraiment le meilleur ! Cette chose n'était pas invincible ! Moi je l'ai eu ! Suffisait de faire marcher son "ciboulot"! 

Il s'inquiéterait du sort de ses complices demain. Il n'avait vraiment pas envie de retourner cette nuit dans son repaire du bord de Somme. Retour au Q. G., c'est plus sûr, pense t-il.

La BMW abordait la chaussée Jules Ferry quand soudain le scélérat sursauta. Un "blang" venait de résonner au dessus de sa tête. Il regarda dans ses "rétro". Rien.

" Un oiseau de nuit, une chauve-souris, peut-être ?", se dit-il. Non, il ne peut plus rien lui arriver.

Le "Big Boss" tressaille et fait un violent écart involontaire lorsque la tête de Luc se dessine sur son pare-brise, à l'avant. Arc-bouté sur le toit de la voiture, il veut s'assurer que c'est bien la fripouille qu'il pourchasse. Le conducteur croit se débarrasser de son passager indésirable en actionnant les essuie-glaces. Tentative bien puérile. Alors, il enchaîne les coups de volant et zigzague dangereusement sous les appels de phares furieux des automobilistes qu'il croise. Rien n'y fait, son passager clandestin reste scotché sur le toit de sa "BM" comme un anatife sur son épave marine.

Luc en a assez de se faire secouer comme un prunier et ce fou avec ses manoeuvres insensées met en danger la vie des autres usagers de la route. D'un coup de poing magistral, il crève le toit de la BMW, puis aussi facilement que s'il ouvrait une boîte de sardines, il écarte la tôle pour élargir l'ouverture et se faufile dans l'habitacle du véhicule, s'invitant sans façon sur la banquette passager avant au grand désarroi du conducteur.

Luc jette un regard farouche sur le Grand Chef du commando des Aigles qui lui ne distingue que deux traits sombres au milieu des lueurs dansantes.

- Ah ! Vous avez voulu me transformer en barbecue... C'est raté espèce d'assassin ! Vous avez grillé votre dernière cartouche !

- Que tu crois pauvre imbécile ! éructe le "Big Boss" en sortant de son holster un Smith & Wesson 44 magnum qu'il pointe sur son passager inopportun. Et maintenant, qu'est-ce que tu dis ! Je n'ai pas besoin de te griller, puisque je vais te fumer la cervelle !

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Des appels de phare et un coup de klaxonne interminable détournent l'attention de l'homme.

- Ce que j'en dis, répond Luc en expédiant l'arme d'une pichenette sur la banquette arrière, c'est que lorsqu'on conduit, on doit toujours regarder où on va !

Péremptoire, il ordonne:

- Stoppez ici ! Sur l'accôtement, il y a de la place !

- De fort mauvaises grâces, mais soumis, le "Big Boss" s'exécute. Seulement, il donne un violent coup de frein qui expédie Luc contre le pare-brise qui s'émiette, s'extirpe vivement de l'habitacle et s'enfuit à pied à travers les maisons d'un lotissement de Longueau. À Bout de souffle, il finit par s'arrêter derrière un épais buisson et la respiration saccadée, les mains sur les genoux, jette des coups d'oeil inquiets à la dérobade tout en pensant: "Cest pas vrai, c'est un vrai morpion ce truc ! J'espère que le l'ai semé cette fois-ci."

Personne en vue. Discrètement, le malfrat s'approche d'une voiture en stationnement et alors qu'il s'applique à en forcer la portière une voix ironique dans son dos, comme Droopy, le chien de Tex Avery fait:

- Coucou... Je crois que vous vous trompez d'auto... 

Le "Big Boss" tressaute, veut prendre ses jambes à son coup, mais ses pieds battent l'air.

- Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! braille t-il. On peut s'arranger ! Je peux vous donner beaucoup, beaucoup d'argent ! Vous serez plus riche que vous ne l'avez jamais espéré ! Reposez-moi par terre !

- Désolé, mais je vous trouve bien mieux au bout de mon bras ! Je commence à en avoir assez de vous voir jouer les filles de l'air ! Et en ce qui concerne votre proposition: il ne vous est pas venu à l'esprit que je ne suis pas humain et que pour moi l'argent n'a aucune valeur. Arrêtez de crier, vous allez rameuter le quartier !

- Qu'allez-vous faire de moi ?

- Je vous ramène à votre belle auto. Ce serait dommage qu'on vous la vole, non ?

Le Big Boss inquiet:

- Et après...?

- Après ? Vous verrez bien...

Arrivé à la BMW, l'homme tente encore de parlementer, mais Luc ne desserre plus les dents. Il arrache les clefs qui pendent encore sur le tableau de bord, et se dirige vers le coffre en traînant son prisonnier qui se débat vainement et ouvre la malle. Le boss se liquéfie et implore:

- Dites-moi ce que vous allez faire... Je veux savoir ce que vous allez faire !

Luc, peu prolixe:

- Votre portable !

Il s'empare du téléphone mobile que lui tend l'homme d'une main tremblante puis:

- Grimpez !

Affolé, il résiste.

- Vous n'allez pas m'enfermer dans le coffre... Vous ne pouvez pas m'enfermer dans le coffre ! Je suis claustrophobe ! Je vais mourir asphyxié ! 

- Justement, épargnez votre souffle et fermez-là, sinon je vous bâillonne, menace t-il.

Comme le "Big Boss" ne se montre guère coopératif, il l'attrape par le colback, le flanque sans ménagement dans le coffre et rabat sur lui le capot sans se soucier de ses protestations indignées. Ensuite, avec le téléphone qui lui a été si "gentiment" confié, il appelle la police, transmet toutes les informations concernant le "Big Boss", la maison du bord de Somme, et s'éloigne suffisamment afin de ne pas être repéré et attend le passage de la brigade anti-gang. En effet, il craint que les policiers ne l'aient pris pour un plaisantin. Il a nettement  ressenti une sorte de septicisme lorsqu'il leur a assuré qu'ils pouvaient venir cueillir une partie du commando des Aigles, dont le Rapace et un de leurs grands chefs et qu'il était désolé de ne pouvoir décliner son identité. Il en a trop bavé pour mettre tous ces malfrats hors d'état de nuire et il est peu enclin à les voir prendre la clé des champs. C'est pourquoi, lorsque des voitures banalisées déboulent pour s'arrêter à côté de la BMW et que des policiers en civil arme au poing en jaillissent et libèrent le "Big Boss" de son inconfortable situation pour lui passer aussitôt "d'élégants" bracelets aux poignets malgré ses protestations et ses tentatives de justification.

Luc reconnait le commissaire Lebiloute qui raille à l'intention du Rapace avec un sentiment revanchard de satisfaction que l'on sent intense, énorme, une véritable jouissance:

- Alors, on fait moins le malin, à présent ! Le Rapace a cédé la place au piaf ? Allez, en route ! On va mettre le petit oiseau en cage avec ses poussins ! Bien au chaud !

Luc pousse un grand "OUF" de soulagement. Une "happy end" après autant de péripéties, il n'en revient pas. Et pourtant, cette fois-ci, tout est bel et bien fini.

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Tag(s) : #Stars Knights Legend Époque 1 LE COMMENCEMENT
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