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Il faisait nuit, le temps était orageux. Il tombait sur Amiens une petite bruine qui accentuait le caractère sinistre de la rue d'Australie, avec de part et d'autre de la rue principale ses chemins piétonniers qui serpentaient entre les haies et les nombreux buissons où pouvaient se tapir n'importe quel malfaisant.

À cette heure tardive, elle était déserte. Non..., une silhouette indistincte, gracile, courait dans la nuit, éperdue, le souffle court, ses longs cheveux sombres ruisselant de pluie luisant sous la lueur blafarde des réverbères.Derrière elle, une silhouette imposante, inquiétante, surgit. Son long manteau sombre ouvert dont les pans battaient au vent et rythmaient sa poursuite lui donnait un air sinistre de prédateur nocturne: de rapace ou de vampire gigantesque. La respiration saccadée, rauque, la petite silhouette ne fit bientôt plus qu'une avec celle du prédadeur qui fondit sur elle comme une harfang couleur d'ébène sur sa proie. La proie capturée poussa un hurlement de terreur et l'on pouvait lire dans ses yeux écarquillés tout son effroi et son désespoir, tandis qu'elle tendait ses bras en avant dans un ultime appel au secours, comme si elle espérait faire apparaître un sauveur par la seule force de sa volonté.

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Luc Delcourt se réveilla en sursaut et se redressa dans son lit en sueur et le coeur battant à tout rompre. " Oh non ! Encore ce cauchemar. Pourquoi ? Quand va t-il cesser de me harceler ? J'aimerais tant pouvoir m'endormir sans avoir peur qu'il s'invite."

Le jeune garçon jeta un coup d'oeil  sur son radio-réveil: il était à peine trois heures du matin. " C'est pas possible, si ça continue comme ça, je vais finir par mourir d'épuisement et avec les "exams" qui approchent, c'est pas la joie." 

Luc alluma sa lampe de chevet, mit ses pieds au bas du lit, tâtonna un instant pour trouver ses claquettes et les enfila. Il se leva et se rendit à la cuisine, direction le "frigo" pour se servir un verre de lait. Assis à la table de cuisine, il ruminait de sombres pensées. Il enviait ses parents et ses deux soeurs qui dormaient à poings fermés. Au bout d'un moment, il se dit que, même s'il ne parvenait plus à trouver le sommeil, il serait toujours mieux au chaud au fond de son lit. Et ce fut le bip, bip stressant de son radio-réveil qui le fit émerger d'un sommeil lourd et peu réparateur. Il avait eu le temps de voir les minutes et les heures s'égréner jusqu'à cinq heures et demi passée, avant de sombrer dans les bras de Morphée.

Luc décida de s'octroyer une petite grasse matinée. Mais vers neuf heures, sa mère vint le tirer du lit visiblement de méchante humeur.

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- Dis donc, Luc, tu crois que ta vie va se passer au lit. cela va faire deux heures que ton père est parti au travail; tes soeurs ont déjà pris leur petit-déjeuner et fait leur toilette. Et pendant ce temps là, monsieur se prélasse et croit que sa vie va se passer ainsi. Il faudrait que tu te bouges un peu plus, je te sens un peu apathique ces temps -ci ! Allez ! debout et tâche de faire quelque chose de constructif aujourd'hui. 

Comme il y avait de l'électricité dans l'air, Luc ne répliqua pas et se fit le plus discret possible tout le long de la matinée. Il accepta même sans rechigner d'aider Chloé, sa petite soeur de huit ans , lorsqu'elle lui demanda un coup de main pour réparer son vélo. En temps normal, il l'aurait envoyée paître. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas ses deux soeurs, mais elles pouvaient être chipies, surtout la plus grande: Daphné qui avait quinze ans. Néanmoins, parfois, cette dernière devenait sa confidente. Quant à la petite, c'était constamment:" Luc, tu peux m'aider à faire ci ? Luc, tu peux m'aider à faire ça ?"  Trop de sollicitations. À la longue, cela devenait gavant.

Luc connaissait la nature des griefs que sa mère pouvait porter à son encontre et il s'appliquait soigneusement à faire en sorte qu'ils ne soient pas abordés. Ainsi, l'heure du déjeuner arriva sans qu'il y ait eu de nouveaux heurts.

Son père qui travaillait dans l'import-export dans les matériels de nouvelles technologies ne rentrait pas, il avait un repas d'affaire. Cela ennuyait un peu Luc; il était un peu plus souple que sa mère et avait l'art d'arrondir les angles. Il allait devoir être extêmement habile pour parvenir à éviter tous les sujets chauds. En participant peu à la conversation et en répondant uniquement par oui ou par non, il pouvait s'en tirer sans bobos.

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Un sujet aux informations télévisées retint toute son attention. Le journaliste relatait les événements qui s'étaient déroulaient aux abords du Camp-César. Il parlait d'une météorite ou d'un ovni qui se serait écrasé dans le secteur sans, étrangement, laisser de traces, d'après les premiers éléments recueillis. Pour l'instant, seul le témoignage d'un jeune couple qui se trouvait sur place au moment des faits permettait d'étayer la chute d'un objet céleste qui était d'après eux l'oeuvre d'une civilisation évoluée. Il précisa que les scientifiques envoyés sur place continuaient leurs investigations et qu'il n'était pas impossible que des éléments nouveaux soient recueillis. Pour conclure, il dit:" Alors, ce que les témoins ont vu, était-ce un engin d'origine terrienne: un avion, un prototype militaire ultra-secret par exemple ou un vaisseau spatial extraterrestre qui aurait survolé la région Amiénoise à basse altitude et à très vive allure ou plus simplement une mini-tornade localisée ? Des débris emportés par les vents violents, dans l'inquiétude et la confusion, auraient alors bien pu passer pour un ovni. D'autant qu'aucun engin volant n'a été détecté dans le secteur cette nuit par les radars de la sécurité civile."

Sa curiosité piquée au vif, Luc se disait qu'il faudrait absolument qu'il fasse un saut, cet après-midi, au Camp-César afin de mener ses propres investigations. Ce site gallo-romain ne se trouvait qu'à une dizaine de kilomètres d'Amiens. Il en était à ce point de ses réflexions, lorsque la voix de sa mère le ramena à la réalité:

- Tu t'es levé, cette nuit, Luc ?

Le jeune garçon leva les yeux vers sa mère.

- Je t'ai réveillée ?

- Il y avait une bouteille de lait sur la table de cuisine quand je me suis levée. Ce n'est pas tes soeurs, elles ne raffolent pas du lait. 

- Oui, je n'arrivais pas à trouver le sommeil... J'ai oublié de la remettre au "frigo" ?

- Si je te le dis !

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Après une petite pause:

- Ce matin, en allant acheter le pain, j'ai vu madame Lenain. Frédéric a trouvé un job d'été. Vendeur à Score Games. tu le savais ?

" Aïe !" pensa Luc." C'est pas bon pour moi, ça."

- Euh..., il m'en a vaguement parlé. 

- Et bien, tu vois, lui répondit-elle avec sa mine des mauvais jours. Toi, tu vas acheter les jeux pour faire joujou avec, et pendant ce temps, lui, il les vend et gagne de l'argent. Tu pourrais venir donner un coup de main au magasin. 

- Mais c'est une boutique de lingerie féminine ! s'exclama Luc.

- Et alors ! rétorqua madame Delcourt. Tu as peur des petites culottes !

- Non... Mais c'est gênant quand même. Il y aura que des femmes. Et puis ton associée ne sera peut-être pas...

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Sa mère le coupa sèchement:

- C'est surtout que le très long poil que tu as dans la main t'handicape !

La conversation s'envenima et ce que Luc craignait arriva: il fut bientôt accablé sous un déluge de reproches. Il encaissa tant qu'il put en répliquant parfois avec humeur.

Un heure plus tard, c'est un Luc très contrarié qui pédalait à en perdre haleine sur la départementale en direction du Camp-César.

Bien sûr, il était conscient que sa mère n'avait pas complètement tort, mais elle avait tenu des propos trop durs à son encontre. Elle l'avait traité de feignant parce qu'il n'avait pas cherché de travail pour les vacances, lui avait reproché d'être plus souvent devant son ordinateur ou sa console de jeux que devant ses livres de cours et enfin, lui avait reproché d'avoir rompu du jour au lendemain toutes ses relations avec sa petite copine qui en avait été très affligée et n'avait pas manqué de confier son désarroi à madame Delcourt. 

De job de vacances, c'est vrai qu'il n'avait pas fait de gros efforts pour en dégoter un. Pas vraiment par paresse. C'est surtout qu'il avait vraiment besoin de décompresser. Il avait eu une année scolaire assez rude et avec le BAC qui approchait... Ses résultats n'étaient pas mauvais, mais il devait bûcher comme un malade. Et surtout, depuis quelques temps son sommeil était de très mauvaise qualité: un cauchemar récurrent venait régulièrement hanter ses nuits et cela commençait véritablement à l'épuiser physiquement et mentalement, surtout. Peu de temps après, il largua sa copine. Luc qui était plutôt beau garçon reçut bien vite d'autres propositions de la part des autres filles; propositions qu'il déclina toutes. Alors, quand sa mère avait conclu qu'il devenait complètement asocial, qu'il se négligeait et risquait de devenir une épave humaine, Luc s'était senti profondément blessé et humilié.

Alors, pédaler comme un fou, se ruiner les nerfs sur ce vélo, afin de se calmer un peu... On n'allait tout de même pas lui gâcher la fin de ses vacances d'hiver, d'autant que le temps était magnifique: le printemps avant l'heure.

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Tag(s) : #Stars Knights Legend Époque 1 LE COMMENCEMENT
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