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Après son repas, Valérian s'assoupit devant la télévision affalé sur son canapé. Sur l'écran du téléviseur, deux acteurs s'agitaient devant les yeux sans vie de statuettes représentant des karatékas dans diverses postures martiales trônant au milieu du guéridon; l'une d'elles dont le kimono sombre tranchait au milieu du blanc des autres, au centre, était couchée.

S'il avait eu les moyens de s'acheter un ordinateur et de se payer un abonnement internet, il aurait continué sur la toile ses recherches sur un style ancien de karaté aujourd'hui disparu, proche du Naha-Te qu'il tentait de faire revivre et qu'il avait baptisé du nom de son créateur Ason: le Ason Ki Dō.

Une rumeur qui émanait du dehors le sortit de sa torpeur. Il ouvrit les yeux et resta immobile à fixer le plafond où dansaient les lueurs projetées par la télévision. dehors, des cris se firent entendre. Il avait fini par s'y habituer et à ne plus trop y prêter attention; encore une bande de jeunes qui chahutait. Cependant, il lui sembla discerner, au milieu de toutes ces voix à l'intonation si caractéristique des jeunes de banlieue, une petite voix plus fine, comme celle d'un enfant ou d'une jeune fille. Le ton lui avait paru inquiet, angoissé, suppliant. Mais Valérian n'avait pas envie de bouger. Il était bien, au chaud sous sa couette. Sûrement un gamin qui refusait d'obéir au grand frère ou une petite copine qui n'était pas d'accord avec le programme de la soirée; rien de dramatique, donc. Et puis les voix se faisaient de moins en moins audibles. Visiblement, le groupe s'éloignait. 

- Tant mieux, bon débarras et ne revenez surtout pas de la nuit, lança Valérian en direction de la fenêtre. Laissez les honnêtes gens se reposer en paix au moins une nuit par semaine, nom d'un chien !

Bercé par le son du téléviseur, il n'avait plus qu'à se laisser glisser dans une douce torpeur. Mais une petite voix murmurait en son for intérieur:

- Va voir..., va voir..., va voir...

Agacé, Valérian s'assit sur le canapé et tout en cherchant du pied ses chaussons, il se disait que de toute façon ils devaient être loin à présent.

Le nez collé sur la vitre de sa salle de séjour, il scruta avec attention les rues éclairées par la lumière blafarde des réverbères. Une sorte de bruine tombait encore, enveloppant les environs dans une espèce de vapeur qui donnait à la masse sombre des immeubles alentours un aspect fantomatique.

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- Il n'y a plus personne. Mon divan, vite mon divan. Dormir..., oublier...

Mais Valérian n'eut pas même le temps de regagner son divan qu'un cri lointain, suppliant, déchirant se fit entendre. Il ouvrit la fenêtre. Là, sur sa droite, à cent mètres à peine, au pied d'un immeuble, il distingua vaguement des silhouettes qui s'agitaient. Elles semblaient entraîner quelqu'un de force dans les profondeurs d'une cave.

Il sentit son rythme cardiaque s'accélérer:" Tu n'as vraiment pas besoin de ça, toi ", songea t-il. Que faire ? appeler la police ? Pour lui dire quoi ? Il n'était même pas sûr qu'une véritable agression était en cours. S'il se trompait, dans ce quartier " chaud-bouillotte ", leur intervention pourrait déclencher une émeute. Aller voir de visu n'était pas une perspective réjouissante, mais néanmoins cela demeurait, hormis la possibilité la plus raisonnable encore: faire comme si il n'avait rien vu, rien entendu et de retourner se coucher devant la télé, la seule solution. De toute façon, à présent, il n'aurait pas pu fermer l'œil de la nuit. Il était conscient de commettre une grande imprudence. En principe, ici, dans ce genre de situation, les gens fermaient leur porte à double tour, mais également leurs yeux et leurs oreilles.

Peu après, baskets aux pieds et un blouson sur le dos, Valérian se présentait prudemment à l'entrée de la cave qui avait englouti les inquiétantes silhouettes. Il tendit l'oreille. Aucun bruit ne lui parvint, alors il s'y aventura.

Aussitôt, l'obscurité, ainsi que des relents âcres, fétides, l'enveloppèrent. Il attendit quelques instants pour que ses yeux s'accoutument à l'obscurité (par chance, il avait une bonne vision nocturne et, au besoin, un briquet sur lui) et avança. Il devinait plus qu'il ne voyait le dédale de couloirs qui s'étalait devant lui et il trébucha sur une roue de voiture abandonnée contre un mur, juste avant une marche. Il étouffa un juron et reprit sa marche en avant pour tomber sur un cul de sac.

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Sans lumières ce ne serait pas évident de s'orienter dans ces couloirs qui reliaient entre eux plusieurs immeubles... Donc, compliqué de savoir quelle direction les jeunes avaient prise. Valérian se fia donc à sa bonne étoile, progressant à tâtons, sans tenter d'illuminer les lieux. Si d'aventure l'éclairage était encore en état, il était inutile de tenter le diable et plutôt préférable de surprendre que d'être surpris.

Il était attentif au moindre bruit, mais il devait se rendre à l'évidence: tout était singulièrement calme et il pria pour que cela demeure ainsi.

Un quart d'heure déjà qu'il arpentait ces sous-sols nauséabonds et labyrinthiques sans qu'il ne relève quoi que ce soit d'inquiétant. Il avait dû se tromper. Il était fort tard. Il ne lui restait plus qu'à rentrer. S'il y avait eu du grabuge, il l'aurait déjà entendu. Toute activité humaine ou non se répercute particulièrement bien dans ce genre d'endroit. 

Soulagé, Valérian esquissait un petit sourire de soulagement comme pour se moquer de son attitude qu'il jugeait à présent stupide, petit sourire qui se transforma en grimace lorsqu'un long hurlement de terreur retentit, rebondissant de mur en mur, avant de le débusquer et de lui sauter à la gorge, tel un fauve. 

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Maintenant, le doute n'était plus permis: une personne se trouvait bel et bien menacée, quelque part dans ce dédale de couloirs obscurs, puants et lugubres. 

Sur le coup, tous les poils de son corps s'étaient hérissés et son palpitant avait poussé une petite pointe. Tous les sens aux aguets, instinctivement Valérian avait adopté la position d'attente: "hachiji dachi". Bien vite, il retrouva son calme. Que faire ? Retourner prévenir la police ? Arriéré qu'il était, il n'avait pas de portable. Le temps qu'il parvienne à les joindre, les joyeux "loulous" auraient le temps de faire passer, repasser et trépasser leur proie.

La voix qui avait hurlé de terreur avait un timbre féminin. Avait-il vraiment envie de risquer sa peau pour...? Ah ! putain de rancœur... Non ! Tout au plus repérer l'endroit où ils se terraient avec leur victime et filer prévenir la police.

Seulement, comment les dénicher? Déjà qu'il n'était pas certain de ne pas s'être perdu lui-même, à force de déambuler dans ces maudits couloirs. Et sans lumière, difficile de prendre des points de repère. 

Le silence qui était retombé comme une chape de plomb fut bientôt de nouveau troublé par des insultes et des lamentations. Il se laissa guider à l'oreille. À chaque pas, les clameurs se faisaient plus fortes, plus précises, lui indiquant qu'il était dans la bonne direction. Après un croisement, sur sa droite, il distingua des rais de lumière qui filtraient au travers de la porte disjointe d'un box et derrière, il régnait une sacrée animation.

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Au milieu d'un flot d'injures et de menaces, une petite voix teintée d'un fort accent sanglotait, comme pour s'excuser, qu'elle était étrangère et qu'elle s'était perdue. Une voix rude chargée d'une forte concentration alcoolique lui rétorqua qu'elle s'était aventurée sur leur territoire et que maintenant elle devait en payer le prix... fort et la voix d'un deuxième type aussi alcoolisée que la première lui fit comprendre sans ambages qu'elle allait être violée et qu'ils attendaient encore des amis pour profiter de l'aubaine. En d'autres termes, elle allait être victime d'une tournante. Et il lui fut fortement conseillé d'être coopérative si elle ne voulait pas trop se faire amocher, voire rejoindre son créateur prématurément... Puis il sortit une plaisanterie salace, insinuant qu'il avait toujours voulu savoir si les filles "chinetoques" étaient bridées de partout... et, fier de sa plaisanterie déplacée, il fut pris d'une quinte de rire stupide, bientôt suivi par les rires gras et mauvais de l'autre soûlard, tandis que la fille poussait de petits cris plaintifs comme on le fait lorsque l'on est malmené.

Cependant, un autre émit un avis discordant. Pour lui, le coup de la tournante, ce n'était pas un bon plan. Ils avaient mieux à faire. Il lui fut aussitôt reproché d'être un rabat-joie: il leur gâchait leurs plaisirs.

Valérian se demandait combien ils étaient. S'ils n'étaient que trois, dont deux ivrognes, l'affaire pourrait être réglée en deux temps trois mouvements. Mais avait-il vraiment envie d'y aller ? Non. Mais comme apparemment, personne ne faisait le guet, il se risqua tout de même jusqu'à la porte. 

Mais alors qu'il tentait de distinguer quelque chose à travers les jours de la porte disjointe un bruit de pas qui se rapprochait attira son attention. Puis une lumière soudaine illumina les couloirs, dévoilant des murs crasseux, couverts de tags et de représentations obscènes. Repérant un box à la porte à moitié défoncée, Valérian s'y réfugia bien vite.

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Une beurette de seize ou dix-sept ans qu'il avait déjà entraperçu dans le quartier fit son apparition en mâchouillant un chewing-gum avec de grands mouvements de bouches, d'une façon provocatrice. Il se rappelait du jolie sourire qu'elle lui avait fait alors. Que cette attitude dénotait avec le charme qui avait émané de sa personne ce jour là. Il l'avait trouvée mignonne, féminine; là, il la trouvait juste vulgaire, avec cette démarche, cette façon de singer les garçons dans ce qu'ils avaient de pire. Ces pauvres filles étaient-elles vraiment obligées de se masculiniser pour pouvoir survivre dans ces cités où les jeunes mâles imposaient leurs lois ? Dommage, vraiment dommage...  

"C'est un air qu'elle se donne, je ne crois pas qu'elle soit foncièrement mauvaise. Tant mieux", pensa Valérian. " Elle va arrondir les angles. Calmer les ardeurs de ces messieurs, le temps que j'aille chercher la police. Ça devrait aller mieux pour la fille."

La beurette entra dans le box et visiblement, en la voyant, la jeune asiatique eut la même pensée que Valérian. Elle implora son aide, sûre que la nouvelle venue serait plus réceptive à sa détresse et à ses explications. 

Comme la porte avait été mal refermée et que l'entrebâillement était plus conséquent, avant de partir pour alerter la police, Valérian osa un coup d'œil. Il vit la fille s'approcher de la captive pleine d'espoirs, suppliante, recroquevillée au sol, s'agenouiller devant elle avant de lui cracher à la face qu'elle n'aimait pas les "poufs" de son espèce et de lui flanquer un coup de boule.

Visiblement, la beurette n'était pas la bienvenue et la tension monta d'un cran. 

Comme le minuteur remplit son office la lumière s'éteignit et Valérian put faire un petit état des lieux sans trop risquer de se faire repérer. Dans le box, il distingua deux grands blonds plutôt secs aux yeux bleus qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, des jumeaux, sans aucun doute. Mais le premier, très agité, témoignait d'une forte imprégnation alcoolique, tandis que le second paraissait étrangement effacé, en retrait. Puis il y avait deux autres gars de type maghrébin. Le premier à la peau pâle était aussi excité et éméché que le premier des jumeaux, d'ailleurs, très proche l'un de l'autre, ils semblaient former un sacré duo de larrons en foire, tandis que l'autre à la peau plus foncée, aux yeux sombres, cheveux noirs crépus et à la barbe naissante, accroupi dans un coin, fixait la nouvelle venue d'un regard mauvais. Puis hormis la beurette dont Valérian se demandait à quoi elle jouait, si elle avait des envies de suicide..., malmenée, soumises aux humiliations, aux moqueries et aux brutalités les plus ignobles, recroquevillée sur elle-même, tremblant de tous ses membres, il y avait une jeune fille asiatique toute menue sous la menace d'une chaîne qu'un des jumeaux brandissait au dessus de sa tête pour l'impressionner.

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Malmenée, humiliée, moquée... JUSTEMENT ! MALMENÉ ! HUMILIÉ ! MOQUÉ ! songea avec rancœur Valérian. Ah! merde, il n'allait tout de même pas continuer à vivre avec les fantômes du passé ! Et si c'était Marcia qui était là à la place de cette fille ? Mais ce n'était pas Marcia ! Marcia, la seule fille... la seule fille qui... MAIS ALORS! il ne valait pas mieux que cette bande de hyènes !

Pendant ce temps, le maghrébin accroupi ordonna à la beurette de mettre les voiles, au sens propre comme au figuré, mais lorsqu'elle répliqua qu'elle avait été invitée par un certain  "Bouba" et qu'ils avaient intérêt, s'il voulaient garder l'intégrité de leurs attributs virils, à lui foutre la paix, ce dernier, après une ultime bordée d'injures se leva et partit en claquant la porte, laissant juste à Valérian le temps de se planquer dans le box d'à côté.  

Tout s'expliquait, voilà pourquoi elle avait l'air si sûre d'elle. Elle avait l'assentiment du "Grand Manitou" et était sous sa protection.

Cependant, les deux soiffards continuèrent à la charrier. Le jumeau effacé tenta bien de prendre sa défense mais il se fit rabrouer fermement. Ils lui firent comprendre cruellement que le béguin qu'il éprouvait envers la jeune fille ne le mènerait pas bien loin, parce qu'il n'avait aucune chance de rentrer dans sa famille et, penaud, il se tint coi, tandis que la beurette fut visiblement troublée. 

Elle se ressaisit rapidement et leur apprit qu'un autre comparse dénommé Thiawlo ne pourrait pas venir mais, comme visiblement ils ne l'appréciaient pas, cette information ne les affecta en rien. Puis désignant la captive de la tête, elle demanda ce qu'elle faisait là et l'un des deux larrons, le grand blond, déclara simplement que c'était un cadeau, un petit présent pour "Bouba" et eux-mêmes, accessoirement. La beurette soupira et lança vers elle un regard qui, cette fois-ci, semblait emprunt de compassion.

Au fil de la conversation et par recoupement, Valérian put bientôt mettre un prénom sur chaque visage: le jumeau alcoolique s'appelait Kevin et son frère Steevy, le pote de Kevin, Djamel et la beurette se prénommait Leïla.

Bientôt un bruit de verre cassé suivi d'un cri de terreur et d'un second bruit de verre cassé se firent entendre tandis que Leïla horrifiée s'indigna qu'ils étaient fous. Deux canettes de bière à moitié pleines lancées par Kevin et Djamel qui ne put s'empêcher de l'imiter, hilare, venaient d'exploser à quelques centimètres seulement de la tête de leur prisonnière. Kevin "s'excusa" en invoquant qu'il n'avait plus soif et Djamel que c'était un tic purement nerveux, avant d'émettre un rot sonore.

Son fameux "Bouba" n'arrivait pas et Valérian sentait que Leïla commençait à trouver le temps long et à avoir peur pour elle-même, à présent.

Lorsque Kevin annonça qu'il allait faire pisser "Médor", Valérian comprit qu'il était temps pour lui de mettre les bouts et d'avertir les forces de l'ordre, tandis que Leïla poussait un "Ouf" de soulagement, accueillant ces quelques minutes de tranquillité avec joie. 

Mais Valérian s'éloignait à peine que de nouveau la clarté blafarde des ampoules inonda les couloirs. Que faire ? Demi-tour pour retourner se planquer dans le box ouvert ? Plus possible avec le "pisseux" qui allait sortir d'une seconde à l'autre. Et les bruits de pas qui se rapprochaient. Par manque de chance, il se trouvait dans une partie sans bifurcation et tous les boxes étaient soigneusement clos. Trouver une solution, vite. Là, dans un léger renfoncement, un carton. À peine assez grand pour le dissimuler, mais faute de mieux, il ferait l'affaire.

Lorsqu'il le souleva de petites crottes dégringolèrent et un rat exprima son mécontentement avant de déguerpir en couinant.

- Désolé mon pote, mais je dois t'emprunter la place.

Valérian se glissa dessous. Le carton sentait affreusement l'urine, mais il ne pouvait pas se permettre de faire le difficile.

Les pas se firent alors tout proche et il retint son souffle. La chance lui donna un petit coup de pouce. Alors que l'individu arrivait à sa hauteur, le minuteur plongea les caves dans le noir. Un juron viril retentit. L'individu le dépassa sans rien remarquer et actionna l'interrupteur le plus proche. Valérian découvrit alors de dos le nouveau venu: un jeune homme noir au crâne rasé, balèze comme un videur de boîtes de nuit. Comme le fameux Kevin, en réintégrant les lieux après son "petit pipi", avait verrouillé la porte, il s'annonça en abattant dessus son énorme poing droit. 

"Impressionnant", pensa Valérian. Et c'est là qu'il se dit que pour la fille, les choses n'allaient peut-être pas s'arranger.

La voix qui demanda "qui c'est" et la porte qui tarda à s'ouvrir eurent pour effet de mettre le solide gaillard de fort méchante humeur, alors même que la voix de Leïla piaillait "C'est Boubakar bande de bouffons".

La porte s'ouvrit et aussitôt la voix de stentor du noir résonna dans le box. 

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Valérian avait rendu son carton au rat et repris sa progression. Il pensait gagner du temps en suivant le chemin emprunté par le colosse noir, mais il se retrouva en fait devant une porte close. 

" C'est pas possible ! ragea t-il intérieurement. Ce gus doit avoir la clef." 

Il n'avait plus d'autres choix que de repartir par où il était venu et, donc, de repasser devant la "piaule" maudite.

Alors qu'il s'en approchait à nouveau, Valérian entendit les bribes d'une conversation. Un peu à l'écart du box, Boubakar s'entretenait avec Steevy dans la pénombre; le doute n'était pas permis, vu le nombre impressionnant de fois  qu'il répétait le prénom du garçon qui semblait se tasser de plus en plus sous le poids des reproches.

Valérian comprit vaguement qu'il lui tenait grief d'un "go fast" qui avait échoué.

Enfin, ils rejoignirent le groupe et une violente dispute ne tarda pas à exploser dans le box. Djamel avait mal pris une réflexion de Boubakar concernant ce qu'il voulait faire subir à la jeune asiatique et sa virilité. L'assurance ou l'inconscience que lui proférait son état d'ébriété fit qu'il réagit au quart de tour d'une façon cinglante. 

De lamentables à sordides, les choses devenaient catastrophiquement périlleuses pour tous les protagonistes et leur captive, en particulier. Non seulement il n'avait plus le temps de prévenir la police et, d'après les menaces proférées par Djamel et les réactions épouvantées des autres, il comprit que ce dernier était en possession d'une arme à feu.

Valérian prit le risque à nouveau de lorgner à travers les interstices de la porte.

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Djamel ne plaisantait pas. Il tenait Boubakar en joue. Tous tentaient de le raisonner, en vain. Il était déterminé à buter la "jaune" et à castrer le "négro" ensuite, comme il dit.

Boubakar brailla d'une voix blanche qu'il plaisantait, mais rien ni personne ne semblait plus être en mesure de calmer la fureur de Djamel, pas même son pote Kevin et encore moins Leïla.

De seconde en seconde, les choses se gâtaient salement et Valérian ne risqua même plus un œil, il repartit sans attendre. La police découvrirait des cadavres, il n'y pouvait plus rien. Mais il n'avait pas fait dix pas que trois coups de feux résonnèrent. Il se jeta au sol pour éviter de "retrouver" une balle perdue tandis qu'un concert, une symphonie de hurlements hystériques s'éleva derrière la porte.

D'après les exclamations affolées et indignées, Valérian comprit que le tireur avait loupé ses cibles. Il entendait la beurette qui s'était mise à chialer tandis que la jeune asiatique sanglotait et suppliait. Steevy répétait qu'il voulait partir tandis que son frangin tentait encore de raisonner Djamel. Mais ce dernier annonça froidement qu'il allait brûler la cervelle de leur prisonnière à bout portant avant de s'occuper du sort de Boubakar.

Valérian comprit aussitôt que la vie de la jeune asiatique était sur le point de s'achever. Tout, dorénavant, ne dépendait plus que de lui et... c'était là le nœud du problème. Il hésitait à intervenir et le pire c'est que ce n'était pas à cause de la peur, car s'il avait bien une phobie, ce n'était ni celle des coups ni celle de la mort qui était devenue l'une de ses compagnes de route. Mais une hésitation d'un tout autre ordre... Une obscure et mauvaise raison qui aurait dû lui faire honte... Qui lui faisait honte.  

Alors, une dernière indignation, un dernier cri:

- DJAMEL ! qu'est-ce que..., s'exclama Kevin tandis qu'un long hurlement d'effroi juvénile explosa:

- NOOOOOOOOOO !!! 

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Tag(s) : #Stars Knights Legend Époque 1 LE COMMENCEMENT
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